Phnom Penh, retour dans le passé

Deux jours vraiment intenses

Après quelques heures de bus, et un shootage de buffle en chemin, nous voilà arrivés à la capitale. Le passage a Phnom Penh est surtout prévu pour fair notre visa vietnamien et pour visiter les deux sites incontournables de l’histoire récente cambodgienne, Les Killing Fields et le centre de sécurité S-21. Avant tout cela, il faut déjà trouver une auberge. On se promène donc à pied depuis l’agence de bus, toujours en compagnie de notre ami Julien, à la recherche de notre « maison » pour ces deux prochains jours. On avait déjà repéré quelques noms auparavant et qu’on décide de tester. Premier essai réussi, la guesthouse est bien située et les chambres sont propres et tout à fait abordables. De plus, il est possible de faire notre visa directement chez eux, et en calculant les coûts, se rendre au consultat ou passer par notre guesthouse reviendrait au même tarif ! Une bonne chose de faite ! On passe le reste de l’après-midi à se balader dans le quartier et se reposer dans notre chambre. On book pour le lendemain le tuk-tuk de notre guesthouse, à trois, toujours avec Juju, pour 15$, pour la visite des deux sites qui sont la raison de notre stop dans la capitale, Killing Fields et S-21, les deux principales traces de l’histoire du crime et du génocide cambodgien. On marche sur les traces d’un passé pas si lointoin que cela, car la période de terreur s’est « officiellement » terminée en 1979, soit il y a moins de 40 ans de cela. C’est difficile de réaliser à quel point le pays a subit et souffert de ces crimes, d’autant plus qu’ils ont été commandités par un cambodgien, contre les cambodgiens, on peut ainsi en parler comme étant un « auto-génocide ».

Killing Fields ou Camp d’extermination de Choeung Ek

Dès notre arrivée sur place, on est plongé dans une atmosphère particulière et l’émotion nous envahi rapidement. Situé à quelques kilomètres du centre-ville, cet endroit fait réellement froid dans le dos. Après leur passage dans l’ancien lycée (S-21) pour y être torturés, les prisonniers étaient emmenés, les yeux bandés, à Choeung Ek pour y être exécutés. On leur racontait souvent qu’ils allaient retrouver leur famille et qu’on leur donnerait des terres pour qu’ils puissent reprendre le cour de le vie. Mais bien entendu personne ne croyait à cette version. Choeung Ek était un camp d’extermination dont personne n’en ressortait vivant. Les chiffres sont assez éloquents, il y aurait eut environ 20’000 exécutions durant quatre ans, mais seuls 8’900 corps ont été mis à jour dans les 129 charniers trouvés, les autres dépouilles se trouvent encore sous terre et ne seront pas déterrées afin de les laisser en paix. Sur la fin de son exploitation, le camp pouvait recevoir jusqu’à 300 prisonniers par jours, tous destinés à être executés. Le rythme était tellement élevé que les soldats Khmers rouges n’arrivaient pas à suivre, et, ne voulant pas gaspiller leurs balles, préféraient utiliser des outils pour mettre à mort leurs prisonniers . Le site était un peu isolé, bordé par un lac et entouré d’un grand mur. Personne ne savait vraiment ce qu’il s’y passait et les agriculteurs voisins, pensaient qu’il s’agissait d’une ferme où les Khmers rouges faisaient des essais d’engrais. Après tout, des camions entiers de sacs d’engrais chimiques y étaient acheminés régulièrement et on sentait loin aux alentours leurs effluves, donc l’idée pouvait être plausible. En réalité l’engrais était utilisé pour dissimuler l’odeur des miliers de cadavres entassés dans les charniers. La visite est ainsi une succession d’anecdotes toutes plus horribles et morbides les unes que les autres. On apprend par exemple que les cris des prisionners abbatus étaient couverts par des incessants chants communistes, qui étaient diffusés en boucle et à fonds par des haut-parleurs disséminés sur tout le site. On se balade avec son audio-guide, plongé dans sa bulle, à écouter les commentaires, très intéressants, parfois très détaillés, toujours terrifiants. On se rend alors compte qu’on marche littéralement sur les fosses, et que sous nous semelles, les morceaux de tissus éparpillés ici et là et en parti enterrés sont les restes des habits des prisonniers, et que les pierres blanches qui apparaissent à la surface de la terre sont des ossements ou des dents. Une vision d’horreur à peine imaginable et que le sol continue inlassablement à remettre à jour à chaque mousson, en recrachant les vestiges de la tragédie passée. Durant la visite, on peut prendre le temps d’écouter des témoignages de rescapés du génocides qui racontent leurs histoires, moment d’intimité et de receuillement boulversant et émotionnellement très fort. Le pire est à venir lorsqu’on passe devant un arbre au tronc recouverts de bracelets déposés par les visiteurs, le fameux killing tree, dont l’utilisation est à peine imaginable tellement elle est atroce et inhumaine. Les Khmers rouges l’utilisaient pour tuer les enfants et les bébés, en les tenant pas les pieds… il est inutile de détailler plus la scène et on préfère ne pas l’imaginer. Les bourreaux faisait leur labeur devant les mères, qui étaient ensuite abattues dans la fosse au pied de l’arbre avec ce qu’il restait de leurs enfants. On ressort donc d’un site comme celui-ci changé et choqué par la cruauté sans limite du régime Khmer Rouge et on sait alors que ce qu’on voit là n’est qu’une infime partie de ce qui s’est déroulé dans tout le pays durant les quatre années de génocide, pendant que le reste du monde fermait les yeux.

S-21 ou Musée du Crime génocidaire

Cet ancien lycée, symbole d’éducation et de liberté, fut transformé par les Khmers rouges en 1975, en une des prisons les plus terrifiante du pays. 20’000 personnes, dont 2’000 enfants, furent envoyés là pour y être torturés et bien pire encore, avant d’être envoyés au camp d’extermination de Choeung Ek. Les khmers rouges voulurent en faire un centre de purge afin d’éliminer tous leurs « opposants », hommes, femmes, enfants, ouvriers, ingénieurs, diplomates, et parfois des familles entières y étaient enfermées et torturés. Il suffisait de porter des lunettes, posséder un stylo ou avoir des mains propres pour être considérés comme opposant. Tout le monde était susceptible d’être un traître, même au sein de leur propres armée, et donc pouvait être envoyé dans ce lieu de honte. Une fois sur place on les forcait à avouer leurs « fautes » sous la torture et si cela ne suffisait pas, les Khmers rouges les inventaient pour eux. On ne s’épanchera pas plus en détail sur cette visite, car à notre avis, elle doit se faire d’une manière très personnelle et surtout sur place. Décrire ces scènes de tortures et ces salles aujourd’hui vides, leur ferait perdre de leurs sens et de leur puissance. C’est pour cela qu’on a choisi de parler de ce qu’on a ressenti, plutôt que vu….Tout au long de la visite, comme durant celle du Killing Fields, on est complétement immergé dans ce monde et cette période d’horreur de l’histoire cambodgienne. Il est difficle d’en sortir indifférent, surtout lorsqu’on se trouve confronté aux visages de ceux qui sont morts ici, pour unique motif, la folie d’un seul homme. Pour nous cette visite, nous a plus que chamboulé, on en est resorti boulversé et horrifié, devant tant d’attrocités et de violences… Il est si difficle d’imaginer à quel point l’être humain peut atteindre un tel niveau de haine, que cela en devient pratiquement inexplicable et indescriptible. On a vu clairement le pire de ce que l’homme peut faire dans ce monde. Heureusement la visite se termine sur une note plus positive, en passant devant deux des septs survivants du S-21, qui sont là pour vendre leurs biographies. Le moment est vraiment particulier, on ne sait pas trop comment réagir et comment se comporter face à ces deux hommes ayant suvécus à tant d’attrocités. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont su prendre leurs revanches sur cette période de leur vie, en étant là, présent, sur ce lieu de honte, que beaucoup ont tenté de faire oublier. Certains se battent encore actuellement pour que ces lieux ne ferment pas et continuent à être visités, afin que le monde, l’Humanité dans son ensemble, s’en rappelle et que cela ne se reproduise jamais.

Infos utiles et Galerie Photos

Good Morning GH : 11$ la chambre double avec salle de bain privée et vue sur la cours.

Visa vietnamien : 43$, pas besoin de photo (ils scannent celle du passeport) et le tout est fait en 24h.

S-21 : 3$ l’entrée (gratuite sur présentation de carte d’étudiants) et 3$ de plus pour l’audioguide. Vous pouvez en partager un si vous avez des écouteurs avec vous. On conseille vraiment de visiter le site avec l’audio-guide, si vous ne voulez pas manquer certains faits importants et témoignages extrêmement poignants.

Killing Fields : 6$ l’entrée avec audioguide compris. Il se trouve à 15 km du centre ville.

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