A la découverte de l’ethnie Bunong

Un mini bus plus que folklorique

P3050016Nous voilà fin prêt dans notre mini bus local pour parcourir les 5h de route nous séparant de Sen Monorom dans la région Est du Cambodge, au milieu du Mondulkiri. On retrouve également Joanna et Ronan, rencontrés la veille. Et autant dire que le trajet ne vas pas être de tout repos. Entassés à 35 dans un bus de 20 places, entre divers cartons, sacs de riz et autres matériels, dont un scooter dans le coffre, on se retrouve directement plongé dans une ambiance bien originale. Le voyage se passe plutôt bien, la route est agréable, pas de trous ou de piste, et l’animation qui règne dans ce bus est vraiment sympa. Ronan se fait accoster par la veille dame assise à côté de lui, toute intriguée par sa barbe, quelques sourires et rires échangées, un moment qu’on savoure. Les premiers contacts avec la population cambodgienne sont vraiment agréables et accueillant, on a l’impression de retrouver un peu de la Birmanie. On souligne quand même que durant près de 4h on a traversé des plantations d’hévéas (arbres caoutchouc) et des surfaces dévastées par la déforestations, qui s’étendent à perte de vue. On ne peut que constater cette surexploitation abusive et on se dit qu’il ne reste déjà plus grand chose, alors que le pays est encore en plein développement. Heureusement plus on s’approche duP3050025 Mondulkiri, plus la jungle devient dense. Une petite pause repas, où on découvre nos premiers plats de la région qu’on apprécie plutôt bien, une sorte de purée d’aubergine dans le style curry accompagné de riz, on repart et quelques heures de route plus tard, on arrive enfin à Sen Monorom. La ville en elle-même n’a rien d’incroyable, la terre est assez rouge et le paysage sec, on se trouve sur des plateau montagneux plantés de pin. On nous dépose au centre-ville, où on se fait accoster en douceur par des agences de trek, autant dire qu’on a le choix. Mais avant de booker quoi que ce soit, on veut d’abord trouver une guesthouse pour nous rafraichir et poser nos affaires, car il fait vraiment très chaud. On tourne un peu en rond sans trouver la guesthouse repérée avant, Happy Elephant bungalows, qu’on finit par repérer avec l’aide d’un cambodgien. L’indication qu’on avait sur la carte était pas tout à fait à jour… L’endroit est pas si mal, un peu en dehors du centre, au milieu d’une petite forêt, mais les bungalows moyen et spartiates, pas super propres et conforts, mais à 5$ la nuit c’est correct. D’autant plus que c’est juste pour une nuit, vu que demain on part pour deux jours de trek au sein de l’ethnie Bunong. Le temps de se rafraîchir avec une douche bien froide, qu’on repart pour le centre à la P3050038recherche d’une bonne agence de trek. Après avoir comparé et négocier les prix, on finit par réserver chez Mondulkiri Tours à 50$ au lieu de 60 avec petit déjeuner avant de partir, on est plutôt satisfait du choix, en sachant que tous proposent quasiment les mêmes treks. On a bien mis attention particulière à essayer de savoir comment étaient traités les éléphants, et on était assez satisfait des réponses. En effet, on refuse de cautionner des balades à dos d’éléphants et des bêtes touristiqument surexploitées, et on préférait donc s’assurer de cela avant. Une bonne chose de faite, on peut maintenant aller déguster tranquillement une délicieuse pizza dans un restaurant réputé pour cela, la meilleure depuis le début de notre voyage.

Deux jours avec les Bunong

P3060013Réveil bien matinal pour une longue journée de marche dans la jungle. Avant de démarrer le trek, on doit encore faire une demie heure de voiture. A peine après avoir fait quelques pas, que notre guide bunong, Nara, chez qui on va d’ailleurs dormir ce soir, nous arrête déjà pour observer un grand calao poser dans un arbre au loin. On se dit que le trek commence plutôt bien. On s’enfonce gentiment dans la jungle, où on aperçoit quelques oiseaux, des insectes et deux civettes. La nature est belle et reposante dans cette partie du trek, on longe une petite rivière où on s’arrête pour une petite pause. Les garçons profitent de jouer les explorateurs avec Nara en haut d’une cascade. Pendant ce temps un autre groupe de quatre australiennes arrive sur les lieux. Notre guide et le leur, qui est son cousin, s’amusent comme des gamins dans l’eau, à grimper sur les troncs d’arbres et à nager. On repart ensuite avec quelques minutes d’avance sur l’autre groupe, qu’on finira pas recroiser P3060086au stop de midi, au bord d’une autre jolie rivière. On profite de manger nos petits plats au calme et au soleil, les pieds dans l’eau, un moment bien relaxant avant de reprendre notre marche. La fin du trek est moins attractive, car les paysages sont façonnés par la déforestation… En effet, les populations locales exploitent leur forêt et procèdent à des coupes rases par endroit, pour en utiliser le bois (constructions, cuisine) et pour y planter ensuite bananiers, noix de cajous, riz ou lemongrass. Si auparvant les prélèvements devaient être assez minimes, il en est tout autre actuellement avec l’arrivée des tronçonneuses. On s’étonne alors qu’il n’y ait pas d’encadrement pour une utilisation durable de ces ressources (ONG ou gouvernement). Mais quand on voit ce qu’il est advenu de la végétation des plaines (il sembleraient qu’elles soient exploitées en grande partie par des entreprises chinoises…), on se dit qu’en comparaison et à leur échelle, ils ne font pas trop de mal. Malgré ces dernières heures moins agréables, ce trek reste une très jolie expérience, surtout avec un bon guide parlant bien anglais et passionné par sa région. On est P3060178presque arrivé au village de Nara, qui abrite la communauté Bunong, la terre se fait de plus en plus rouge et on aperçoit quelques habitations qui ont surtout l’air abondonnée. En découvrant un crâne de chien planté sur un baton, Nara nous explique qu’ici se trouve les Cham, une éthnie musulman, et que cette tête de chien serait là pour proteger la famille des mauvais esprits… décoration intéressante mais pas très accueillante ni esthétique… Sur la route, on croise quelques motos chargées de bois récupéré justement dans la fôret. Après 7h de marche, on est enfin arrivé au village. On découvre des maisons en bois construites en hauteur et quelques habitations typiques Bunong, avec un toit en chaume arrivant quasi jusqu’au sol, avec une seule grande pièce où, au milieu, trône un poële. On voulait du depaysement et bien on est servi. On a l’impression de revenir des années en arrière, les animaux se baladent tous en liberté, au milieu des habitants et des maisons. Il n’y a bien sûr pas d’eau courante, il faut aller la pomper au puit, les enfants jouent avec des vélos parfoit sans pneus… mais il y a tout de même de l’éléctricité. On visite notre future « chambre », qui sert également de salle à manger, P3060209de cuisine et de grange, où cochons, poules et autres animaux ont élus domicile sous le plancher. Heureusement, on ne dormira pas à même le sol, mais dans des hamacs avec « moustiquaire », enfin avec une sur quatre qui se tend… On prend le temps de se balader un peu dans le village et de créer quelques contacts avec les gens. On devient très vite l’attraction, et tous les enfants nous approchent pour jouer avec eux… ce qu’on accepte avec grand plaisir. On passera une bonne heure à chanter, danser, jouer au foot avec eux, que du bonheur !!! Le village est un peu en effervescence car il y a la célébration d’un mariage le lendemain. On en profite donc pour essayer de comprendre les rites et les coutumes les coutumes locales au travers de notre guide. On apprend qu’il y a des sacrifices qui sont réalisés durant la soirée avec tous les villageois et que le lendemain matin il y a une cérémonie avec les enfants pour leur « bénir » avec les sang des animaux tués. On ne sera malheureusement pas convier à assister à ces cérémonies mais les P1010186discussions ont été très intéressantes. Le mariage dure 2 jours, le premier avec la communauté Bunong exclusivement, et le second avec les amis. Nara, notre guide, doit se rendre à la cérémonie sacrificielle et nous laisse en compagnie de ses enfants et de son cousin, qui était le guide de l’autre groupe. Il s’appelle Dong, c’est un jeune homme de 20 ans qui vient de commencer en tant que guide, et qui est plein d’intérêt pour le monde, qu’il découvre au travers des touristes qu’il rencontre. On a donc passé la soirée avec lui à découvrir la communauté bunong, à lui parler nos habitudes et mode de vie en occident et à rigoler en partageant de l’alcool de riz. On a passé un très beau moment, touchant et amusant à la fois. On se rend compte que nous n’avons pas la même perception et lecture du monde, et que certains touristes qui se permettent des jugements quand à leur exploitation de la fôret par exemple (l’autre groupe de touristes), sont totalement à côté de la plaque. Effectivement, lorsque, en lui montrant des photos de montagnes, on a du lui expliquer ce qu’était de la neige, ou qu’il a nous a dit qu’il voyait de temps en temps P3060240des étoiles dans ciel qui bougeaient très vite mais qu’il ne savait pas ce que c’était, on se rend compte encore plus que nos conceptions de développement durable, d’exploitation consciente des ressources etc… sont bien loin de leur préoccupations premières et que ce n’est pas la peine de les blâmer, mais qu’il faut plutôt les accompagner et leur proposer des moyens du subsistance réalistes et adaptés. Après ce beau et simple moment de partage, on va se coucher pour tenter de trouver le sommeil pour notre première nuit en hamacs.

En route pour les éléphants

P3070343La nuit s’étant plus ou moins bien passée pour certains, on se réveille pour le petit déjeuner et on attend notre second guide pour aller à la rencontre des éléphants. C’est Mr. Cham, un jeune homme original et dynamique parlant français qui nous rejoins. On se marre à l’entendre chanter des vieilles chansons françaises, avec lesquelles il a entre autre appris le français. Il se surnome Cham’aznavour et nous fait découvrir tout son répertoire ! Sur le chemin on découvre les plantations de noix de Cajous, on traverse des bananeraies et on arrive face à un éléphant et son cornac qui sortent de la jungle. On fait connaissance avec l’animal en lui offrant quelques bananes avant de le suivre jusqu’à la rivière en contre-bas. On en profite pour poser des question à Cham au sujet des éléphants, de leur utilisation et de leur traitement. On apprend que les éléphants sont G0090253communautaires et appartiennent donc à plusieurs villages. Ainsi les villages possèdent plusieurs animaux, qu’ils se partagent selon leurs besoins (travail en fôret, tourisme) et leur cornac ne sont pas attitrés mais changent régulièrement. Ils sont « libres » durant la nuit, comprennez par là « pas attachés », mais leurs pattes avant sont entravées par un arceau d’osier qui leur permet de faire des mini pas sans s’éloigner trop loin. Avant de manger on en profite pour se baigner dans la rivière en attendant le retour de l’éléphant qui s’en est allé manger un peu plus loin. Les groupes de touristes arrivent les uns après les autres, avec leur éléphant, leur guide et leur cornac. On commence à se dire que ça va être un peu le cirque tout ça. On dénombre quatre éléphants, une bonne quinzaine de touristes et environ 10 cornacs et guides, ça fait du monde au bord de la rivière. Après un petitP3070409 repas préparé au coin du feu (poisson au BBQ) on se lance dans le bassin avec notre éléphante attitrée. Le moment est magique et très impressionnant à la fois de se retrouver dans l’eau avec un si gros animal, si fort et si imposant et pourtant si tranquille. Son cornac reste en permance dessus à la laver on peu monter l’animal assis dans l’eau pour lui frotter le dos. L’instant est génial mais on déchante très vite en voyant un autre éléphant arriver dans le même bassin, puis un troisième puis le quatrième, suivis de chacun de leurs toursites. On se retrouve dans une joyeuse fête aquatique, stressante pour les animaux mais amusante pour les touristes et on reste alors un peu dubitatif quand au concept écotouristique et écologique du trek. On sait que la région n’est pour l’heure par encore trop touristique mais la construction de l’aéroport de la ville est bientôt GOPR0209terminée et le développement va donc se faire à vitesse grand « V ». Le bureau du WWF qui est sur place aura à coup sûr du pain sur planche pour garantir un avenir décent à ces animaux et à leur environnement. On finit notre journée par une petite marche pour retourner au village puis en ville afin de trouver une guesthouse pour la nuit avant notre départ pour Kompong Cham et le Mékong Bamboo Hut, au centre du pays. Notre choix se porte sur la Green House, un hôtel au centre ville, avec une chambre tout confort, pour uniquement 10$. Un vrai bon plan, surtout après deux jours de trek et une petite nuit.

Infos utiles et Galeries Photos

Mini bus Kratie – Sen Monorom : 7$ par personne pour 5h de route.

Happy Elephant bungalows : 5$ le bungalow avec salle de bain privée et eau froide. Si vous n’êtes pas trop regardant côté propreté, cette GH est intéressante niveau prix. Par contre, ne réserver pas le trek depuis chez eux, on a rencontré des voyageurs assez déçu de leur expérience chez l’habitant depuis leur agence.

Quelles agences de trek choisir? : Pour le choix de l’agence de trek et selon votre sensibilité à la cause animale, on vous propose de faire peut-être un détour par le bureau du WWF, situé en plein centre, sur la route principale afin de vous renseigner sur le traitement réservés aux éléphants selon les agences, ils seront sûrement de bons conseils. Dans tous les cas évitez impérativement les trek qui proposent des balades à dos d’éléphants (en fait c’est valable partout en Asie). Il faut savoir que les éléphants des communautés sont utilisés pour travailler en fôret et que le tourisme permet maintenant de les sortir un peu de ce cadre de travail en leur « offrant » un journée de repos auprès des touristes. A vous de savoir si cela vous suffit, mais suivant le développement touristique qui s’annonce, il est difficile de savoir ce qui sera le mieux pour eux. Elephant Valley Projet et Mondulkiri Project sont des concepts différents qui proposent balades dans la jungle et rencontre avec les éléphants mais dans le cadre d’un sanctuaire (les éléphants n’appartiennent donc pas aux communautés et ne travaillent pas). Il est possible de dormir sur place dans leurs infrastructures. La rencontre avec les ethnies ne sont pas proposées.

Notre choix d’agence chez Mondulkiri Tours : Prix négocier à 50$ par personne avec petit déjeuner parce qu’on était 4. Les autres proposent tous entre 50 et 60$ pour une nuit et deux jours, incluant les repas, l’eau, la nuit chez l’habitant et la baignade avec les éléphants.
Green House : Super Hotel, à 10$ la chambre spacieuse et propre avec un très bon matelas, salle de bain privée avec eau chaude, et le gros plus, une grande terrasse donnant sur le couché du soleil. On le conseille vraiment. Il est situé au centre ville près du grand carrefour.

Mondulkiri Pizza : Les meilleures pizzas mangées depuis le début de notre voyage. Entre 6 et 12$, selon la taille (plus d’info ici).

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