Paracas et sa réserve naturelle

Paracas, entre désert et océan

A 260 km au sud de Lima, sur la côte, se trouve une merveille écologique, un desert coincé entre les Andes et l’océan. Ici, ce sont les dunes de sables et les rochers qui dominent le paysage et cela peut paraître un peu étonnant puisqu’on se trouve en bord de mer dans un environnement possédant l’une des plus grandes biodiversités marines de la côte sud-américaine. Et pourtant, c’est l’un des endroits les plus secs de la côte péruvienne. Situé dans la province de Pisco, également reconnue pour sa boisson alcoolisée mondialement célèbre, la réserve naturelle de Paracas s’étend autant sur la mer que sur terre et couvre une superficie respectable de 3’350 kilomètres carrés. D’abord réputée pour le foisonnement de sa vie marine, notamment aux alentours des îles Ballestas, la région n’en est pas moins intéressante sur le continent. On y trouve un environnement hors du commun et assez inédit sur une côte océanique. La région possède quelques autres atouts intéressants, notamment avec son célèbre pétroglyphe en forme de chandelier d’environ 189m de longueur et 160m de largeur, la ville d’Ica où on trouve de nombreuses caves de pisco et son fameux oasis de Huacachina. De notre côté, on a décidé de nous concentrer sur Paracas et de profiter de quelques jours de soleil pour se détendre et visiter la réserve naturelle en restant à terre, avant de quitter le Pérou pour notre prochaine destination, CUBA!

Cette réserve naturelle de Paracas, on doit dire, qu’on s’est un peu tâté avant de la visiter, et surtout on hésitait sur la manière de le faire. On avait entendu dire que la région ressemblait à une vraie usine à touristes, notamment les îles Ballestas, dont les consignes de protections environnementales et de respects de la vie sauvage n’étaient pas vraiment appliquées. De part nos différentes expériences, on a effectivement pu constater que le tourisme de masse et les sanctuaires naturels ne faisaient pas très bon ménage. C’est pour cela que nous n’avions rien prévu avant d’y mettre les pieds, histoire de voir de nous-même comment les choses sont gérées. La petite ville de Paracas se situe en bord de mer et semble être, en premier lieu, un port de pêche niché dans une baie qui abrite en son sein une plage d’où on peut admirer les magnifiques couchers de soleil rougoyants sur les flottes de bateaux de pêche. La balade sur la promenade en bord de mer est une succession de troquets et restaurants devant lesquels les rabatteurs essaient, souvent avec insistance, d’amener des clients à coup de promotion sur les ceviches et les pisco, et avec là au milieu, de nombreuses agences qui vendent les excursions pour visiter cette fameuse réserve de manière « écotouristique ». La plupart du temps, il s’agit de combo, avec le matin un départ en bateau pour les îles Ballestas suivi d’un tour en bus dans la réserve côtière au milieu des dunes, des plages et des falaises. Si l’endroit peu paraître bien inhospitalier au milieu du désert, c’est bien dans l’eau et en l’air qu’il faut poser son regard pour admirer la vie qui s’y est développée. La réserve marine abrite de nombreuses espèces tel que des otaries à crinière (lion de mer) et des otaries à fourrure australe, des dauphins commun à bec court, des loutres de mers ainsi que plusieurs espèces d’oiseaux dont des pélicans, des sternes inca, des manchots de Humboldt, des flamants du Chili, des condors des Andes, différents cormorans pour ne citer que ceux-ci. On peut y croiser également des tortues vertes et des tortues Luth. Vous l’aurez compris, en tant que naturaliste, il y a de quoi se rincer l’œil ! Alors pourquoi autant de vie à ce endroit précis me direz vous ? Simplement parce qu’il y a un affleurement du fond marin qui provoque des courant ascendants
dont les nutriments provenant des fonds fertilisent les eaux de surface et permettent ainsi de démarrer une chaîne alimentaire foisonnante. L’affleurement de Paracas étant l’un des dix plus importants au monde, on comprend aisément le rôle essentiel de la zone en matière de biodiversité. Et vu que les courants marins drainent une eau particulièrement froide issue des profondeurs de l’océan, il y a peu d’évaporation donc peu de pluie sur la côte, ce qui explique en partie le fait que la région soit si aride et donc la formation d’un désert côtier. On se trouve, ici, dans une région particulière, où l’abondance de vie marine compense largement avec l’inhospitalité de la zone terrestre et où l’équilibre est bien fragile si l’on considère les pressions anthropiques issue de la pêche, de la pollution et du tourisme grandissant. En ce qui concerne la pêche, le nombre de bateaux dans la baie et la grande usine à poisson (on ne peut pas la rater vu l’odeur qui s’en dégage) témoignent de la forte activité, sans qu’il nous soit cependant possible de savoir si la pression est forte. Paracas étant avant tout un village de pêcheurs, les embarcations visibles ne semblent pas être des usines flottantes, mais plutôt des petites pêcheries familiales. Au sujet de la pollution, on a été étonné de voir la quantité de déchets qui jonchait le littoral de Paracas à Pisco, alors qu’on se trouve à deux pas d’une réserve naturelle. Selon les locaux, ce n’est pas toujours ainsi et les déchets se sont échoués ici essentiellement à cause des inondations qu’il y a eut dans tout le pays durant les derniers mois (janviers-mars 2017), les rivières les ayant drainées depuis le continent et les courants les ont ensuite apportés jusqu’ici. Concernant le tourisme, il faudra quand même se poser certaines questions d’avenir. En effet, en 2009 la réserve a accueillie 92’600 visiteurs et en 2016 plus de 327’000, soit une croissance de plus de 320% ! Via différents aménagements, le ministère du commerce extérieur et du tourisme et le ministère de l’environnement projettent d’accueillir en 2017 pas moins de 400’000 visiteurs (source) et cela malgré le fait que les bateaux se suivent déjà à la queuleuleu devant les îles Ballestas et leur faune marine. Il y a, semble-t-il, une réelle prise de conscience écologique du côté du gouvernement, mais il faut espérer que l’aspect économique (la région étant la deuxième zone protégée du pays la plus visitée) ne viennent pas réduire à néant les efforts de conservation et de protection de ce magnifique et fragile patrimoine écologique. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas visiter les îles Ballestas, car on ne voulait pas se retrouver au milieu de plein d’autres bateaux, pas toujours respectueux des distances nécessaires pour ne pas déranger la faune marine. Malgré un réel intérêt pour ces îles, mais ayant entendu et lu de nombreux commentaires qui allaient dans ce sens, on ne voulait pas cautionner cela. De plus, on a eu la chance de pouvoir observer nombre de ces animaux dans des conditions idéales, et gratuitement en Nouvelle-Zélande et en Australie, du coup on ne ressentait pas le besoin d’y aller absolument. On s’est donc contenté de visiter la partie terrestre, qui est intéressante également, et même si elle est un peu moins riche, les paysages sont simplement splendides et inédits !

 

Quelques jours au calme à Paracas

On démarre de Lima pour nous rendre à Paracas en bus, ce qui ne paraissait pas gagné car avec les innondations, on avait entendu dire que les bus ne s’y rendaient plus à cause de l’état des routes. Après une course d’une vingtaine de minute en taxi Uber, on rejoint la zone d’où partent tous les bus pour les destinations externes à la ville, et on se met à en chercher une qui propose Paracas. Apparement il n’y en pas beaucoup, et après 2-3 essais infructeux on trouve finalement notre bonheur avec un départ dans la demie-heure. On embarque pour quatre heures de bus sur la côte, mais avec une sortie de la ville qui se fait au rythme des embouteillages et surtout un bus qui s’arrête toutes les cinq minutes au bord de l’autoroute pour déposer des gens et en faire monter d’autres. Du coup on comprend mieux les 4h de voyage pour parcourir seulement 260km d’autoroute. Après avoir aperçu d’innombrables élevages de poulets le long de la route au bord de l’océan et avoir fait quelques petits détours au travers des petits villages du coin, on arrive à une jonction où on doit sortir du bus pour prendre un taxi qui nous amènera en 20 minutes à Paracas en passant par la ville de Pisco. On débarque sur la rue principale du village de pêcheurs pour trouver notre hôtel, qui est un peu original car les chambres sont en fait des caravanes ou des bungalows au bord d’une piscine et d’un genre de lagon entouré de sable. Ça donne un petit air de camp de vacances sympa, les pieds dans le sable. On est surtout là pour passer quelques jours de repos et de farniente, sans avoir comme but de courir faire des visites. Comme expliqué plus haut, on a décidé de ne pas aller visiter la partie marine de la réserve et en voyant ce que proposent les agences sur place, ça ne nous donne pas trop envie. On décide donc de passer nos deux premières journées à bronzer au bord de la piscine. Pour le coup on a carrément brûlé, malgré les couches de crème solaire. Le soleil est pratiquement aussi agressif que dans les îles du Pacifique et on ne s’y attendait pas, et en plus ça faisait un bon moment qu’on ne s’était plus étalé à faire les crêpes puisqu’on vient de passer deux bons mois dans les Andes. On en profite également pour se balader en soirée sur la promenade du bord de mer, qui nous paraît bien calme, mais qui doit avoir un tout autre visage en haute saison lorsque c’est rempli de touristes. On se régale avec des ceviches et autres plats de fruits de mer, accompagné d’un petit Pisco sour délicieux, tout en admirant les superbes couchers de soleil. En effet, à cause du sable soufflé dans le désert adjacent, le ciel est chargé en poussière qui colore le ciel dans toutes les teintes de rouges possibles, vraiment magnifique !

On hésite à aller visiter la partie terrestre de la réserve à vélo, mais avec la chaleur et le vent on abandonne assez vite l’idée et c’est finalement pas plus mal car on a eu une alerte à la tempête de sable cet après-midi-là et on a du se cloîtrer dans notre caravane pendant une heure, le temps que ça passe. Rien de bien méchant au final, on a juste eu de la poussière qui s’est infiltrée partout dans la caravane. De plus on a pas non plus une énergie folle à aller parcourir des dizaines de kilomètres à vélo en plein cagnard, alors on décide plutôt de se la jouer cool et de prendre un bus qui nous amènera sur différents spots durant une après-midi complète. On adapte donc nos attentes à cette petite virée bien touristique et on book pour notre dernier jour sur place cette excursion pour visiter cette fameuse réserve.

La réserve de Paracas

Malgré le fait que ça soit un tour organisé  et donc pas flexible du tout on doit dire qu’on a vu des paysages magnifiques et sauvages qu’on ne s’attendait pas forcément à admirer ici. On démarre notre excursion dans un petit bus avec une dizaine d’autres touristes et on s’en va au sud de Paracas, à travers les dunes, l’océan Pacifique d’un côté et des montagnes arides recouvertes de sable de l’autre. La vue sur la baie de Paracas est plutôt pas mal et rapidement on se retrouve perdu au milieu d’un desert. Mais dès qu’on s’approche de la côte, on fait face à la vie sauvage, où se retrouve de nombreux oiseaux dans les aires, sur les rochers et aux abords des plages. On fait notre première escales pour admirer ce qu’il reste de la célèbre Cathédrale, un rocher jadis en forme de Cathédrale donc, mais qui s’est écroulé il y a quelques années en raison d’un tremblement de terre. On est entouré de goélands, de fous, de pélicans et de vautours qui se jouent des rafales de vents. On peut même apercevoir une loutre de mer et quelques otaries lutter dans les vagues. Notre guide nous annonce qu’on a 15 minutes pour profiter de l’endroit avant de reprendre la route pour le prochain spot, c’est rapide quand même. On observe attentivement la magnifique palette de coloris qu’on a sous les yeux et qui paraît presque irréellement tellement les tonalités de brun, gris et rouge se mélangent au bleu du ciel et de l’océan. On s’arrete ensuite sur une colline qui domine une baie où la plage rouge nous surprend, et nous offre une superbe vue sur le desert et au loin la ville de Paracas. Les jeux de couleurs sont splendides et on a de la peine à croire que la nature puisse offrir tant de nuances différentes. On repart cette fois-ci pour un pause « plage », sur ce qu’ils considèrent ici comme la plus belle plage de la région, la Playa la Mina. L’endroit est joli, entouré de rochers et d’oiseaux, mais après les plages de Thaïlande, des Vanuatu, de Raja Ampat, d’Australie ou encore de Polynésie française, on admet ne pas avoir été  subjugué non plus par cette plage-ci. Malgré tout on s’interdit de faire les blasés et on profite de cet environnement sauvage en mangeant notre casse-croûte, couchés dans le sable à regarder les pélicans et les sternes pêcher devant nous. L’eau est très froide et on y trempera tout juste les pieds. On comprend bien ici, que malgré la chaleur de l’air qui atteint aisément les 30°-35°, l’eau est carrément glaciale et ne dépasse pas les 13°, les courants provenant des abysses sont bels et bien présents ! Après cette petite pause balnéaire, on poursuit notre excursion pour le final touristique du tour, une étape dans un mini village de pêcheurs, où on est reçu sur la terrasse d’un des restaurants avec un pisco en guise de bienvenue et où on peut manger si on le désire. Vu qu’on nos estomacs sont déjà plein, va se balader dans les alentours et on profite de se poser à côté des nombreux pélicans qui se trouvent là, à attendre que les bateaux reviennent chargés de poissons. Une petite heure plus tard, on rebrousse chemin pour revenir à Paracas et rentrer à notre caravane profiter de notre dernière soirée en se faisant plaisir dans une pizzeria, histoire de changer un peu des ceviches et pâtes aux fruits de mer.

On avoue n’avoir pas été des hyper-actifs dans cette régions qui aurait peut-être méritée un peu plus d’entrain de notre part car il y a de quoi faire en dehors de la réserve naturelle. Lors de la visite des îles Ballestas, il y a la possibilité de voir le fameux petroglyphe en forme de chandelier, sur la colline de sable en face de Paracas et qui encore aujourd’hui laisse les scientifiques un peu perplexes. S’agissait-il d’une marque de repère pour les pêcheur ? d’une ancienne trace de la civilasation d’antant ? les explications sont variées mais le chandelier est toujours là, indélébile. Un peu plus à l’intérieur des terres, se trouve la ville d’Ica et son célèbre oasis de Huacachina. La ville d’Ica n’est pas dénuée d’intérêts. La région est entre autres le centre de production principal du Pisco, il est donc possible de visiter des caves. La zone est également reconnue pour sa particularité culturelle afro-péruvienne. Historiquement, des populations africaines issues de l’esclavage qui avait commencé dès les début de la colonisation pour combler les besoin en main d’œuvre de l’indistrie minière, des champs de coton et de canne à sucre se sont installée sur la côte. En découle alors un mariage culturel intéressant et actuellement, principalement reconnu au niveau de la danse et de la musique afro-péruvienne. On trouve d’ailleurs cette culture sur toute la côte sud jusqu’à Nazca. Même si la région d’Ica paraissait attrayante, et particulièrement son oasis, nous ne n’y sommes pas rendus. Notre intérêt a été quelques peu entamé par le fait que ça soit en réalité un oasis totalement artificiel, bordés de nombreux hôtels et d’auberges de jeunesse, et on avait pas vraiment envie de se retrouver à ce moment-là dans cette atmosphère, préférant être au calme à profiter tranquillement de nos derniers jours au Pérou avant l’étape suivante, Cuba.

Infos utiles et galerie photos

Comment à aller à Paracas depuis Lima: Prendre le bus dans l’une des agences se trouvant sur l’Avenida Paseo de la Republica à la hauteur de l’Avenida Jaime Bausate y Meza ou de l’Avenida 28 de Julio. Dans cette zone se trouve nombre de compagnies de bus, dont Flores (carrefour entre l’Avenida de la Republica et l’Avenida 28 de Julio) avec des bus qui partent en direction de Paracas durant toute la journée. Billet de bus aller simple pour 15 pesos par personne.  Le bus vous dépose une jonction sur la route principale Panamericana Sur au dessus de Pisco, nommée Cruce Pisco. Depuis là, prendre l’un des taxis qui se trouve sur place pour vous rendre à Paracas pour environ 15 soles et 20 minutes de route. Retour idem, taxi depuis Parcas pour la jonction Cruce Pisco trouve l’agence de bus. Les billets peuvent s’acheter sur place. Autre Possibilité, choisir la compagnie de bus Cruz del Sur (située à Lima dans la même rue de l’agence Flores) et qui vous amènera directement à Paracas, retour possible depuis là également, mais nettement plus cher que les compagnies locales.

Où dormir à Paracas: Pas mal de choix sur place, nous avons opté pour le Paracas 360 Eco-Hotel, bien situé, à 100 soles la nuit pour une caravane et le petit déj. Petite restauration, petits-déjeuners et cocktails sur place à prix corrects, mais surtout deux piscines!!! Les caravanes méritaient d’être un peu plus entretenues et le petit déj un peu plus fourni, surtout pour ce prix, mais il faut le dire, on était surtout à la recherche d’un bon spot pour se reposer, et ce « camping » offrait un cadre plutôt sympa.

Comment visiter la réserve naturelle: Selon votre motivation, votre forme physique ou encore votre budget, vous aurez tout loisir de choisir la formule de visite qui vous convient le mieux. Comme expliqué auparavant, la réserve est constituée d’une zone marine et d’une zone terrestre. Souvent les agences proposent des combo avec les deux durant la même journée, en tours organisés, mais il est tout à fait possible de faire soit l’un, soit l’autre (prix du combo, environ 45 soles). La visite de la partie marine se résume en gros un tour en bateau avec un passage devant le fameux chandelier, puis une visite des îles Ballestas (départ à 8h). Pour la partie terrestre, plusieurs solutions s’offrent à vous. Pour les plus sportifs, il est possible de louer des vélos (10-15 soles) et ainsi d’être autonome durant la journée, mais cela limitera probablement les spots accessibles, car les distances sont tout de même assez grandes et la chaleur parfois très haute. Pour les plus aventureux, il y a la possibilité de partir en groupe en buggy (c’est vrai que ça à l’air sympa, mais que font des buggy dans une réserve naturelle?). Le tour en bus est la solution que nous avons choisie (à lire plus haut), surtout pour son côté simple et pratique, pour la somme de 35 soles par personne. Dernière possibilité, la plus intéressante et la plus flexible à notre sens, mais également un peu plus chère, est de louer un chauffeur privé pour la journée et ainsi de pouvoir prendre son temps sur les différents spots et de pouvoir aller un peu loin dans la réserve (un très bon plan, que nous n’avons pas testé, sur le blog déclic et des claques).

 

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