We trek @ Kawah Ijen

Un séjour au coeur du volcan Ijen

Kawah IjenGilimanukL’une de nos envies, et dieu sait qu’elles sont nombreuses, était de faire l’ascension d’un volcan en Indonésie. Après notre petite déception à Lombok pour le Rijiani (voir ici), on avait vraiment pas envie cette fois-ci de passer à côté de l’ascension du volcan Kawah Ijen, un volcan particulier car il se trouve être l’un des rares au monde où il est possible d’y observer à la fois les flammes bleues causées par le soufre et les mineurs encore en activtié. Une expérience exceptionnelle à nos yeux et en étant si près, il nous était impossible de ne pas y aller. On décide donc de prendre quelques jours pour découvrir ce monde si particulier des mineurs et leur mode de vie, par le biais d’un homestay et du trekking avec un ancien mineur et porteur de soufre. On avait vu l’info via l’un de nos blog fétiche de compatriotes suisses, novo-monde, qui avait eux aussi tenté cette expérience-là. On book donc une nuit chez l’habitant et notre trek chez eux, et en plus ils viennent directement nous chercher après le ferry sur Java, pour nous ramener dans leur petit village près du Kawah Ijen. La route de Denpasar jusqu’au ferry de Gilimanuk se fait assez rapidememt, à vrai dire on avait lu 5h de trajet, qu’on a fait en 3h30. Bon on se trouve aussi en période de fête sur l’île, et la plupartNephina Pelipes des balinais retournent dans leur village, donc pas grand monde sur les routes surtout à Denpasar, qu’on peine a reconnaître avec si peu de traffic. On débarque donc au ferry pour une heure de trajet, et quel ferry, c’est le luxe avec une scène pour des spectacles, des sortes de couchettes pour dormir, parfait pour se reposer tranquillement de notre courte nuit avant d’arriver sur Java, où nous attend notre guide Bogos et notre chauffeur du Ijen Miner Tour… On grimpe dans le 4×4 direction leur village situé à environ une heure de là. On est chaleureusement accueilli par sa femme qui nous offre un bon petit thé. Bogos nous laisse choisir notre chambre, on prend celle qui se trouve en haut avec un petit balcon. Il est presque 14h (pour nous 15h car il y a un décallage d’une heure avec Bali) et pas grand chose dans le ventre, la femme de Bogos nous prépare rapidement un Mie goreng avant d’aller explorer les environs du village et se baigner dans une cascade non loin de là. Sur le chemin, on fait un peu plus connaissance avec Bogos et sur sa vie d’ancien mineur (on dédie un chapitre plus bas sur ce sujet), et on fait un premier stop pour admirer d’énormes OLYMPUS DIGITAL CAMERAaraignées. On les reconnaît rapidement, car on les a déjà vu à de nombreuses reprises en Australie, mais en 3 fois plus petites. C’est l’espèce Nephila pilipes, l’une des plus grande araignée du monde, la femelle pouvant mesurer jusqu’à 20cm et tisser des toile de 12m2, mais on vous rassure elles ne sont pas bien méchantes, même plutôt dociles en fait. Bon, avoir une énorme araignée qui se balade sur nous, ça, c’est fait ! Même pas peur d’abord! On arrive aux fameuses cascades, la première est la plus accessible, un chemin en pierre nous y conduit. Elle est très prisée par les locaux qui viennent s’y rafraichir surtout les weekend, donc si vous tombez sur un samedi ou dimanche, le coin ne sera pas aussi calme que d’habitude. L’eau est bien fraîche, on a à peine mis les pieds dedans que des mini poissons se ruent sur nous pour nous bouffer les peaux mortes, eh oui, fish pédicure en plus de la baignade. On continue notre chemin jusqu’à la seconde cascade se trouvant au fond de la jungle, à 800 m de là. On se trouve au bon milieu de la jungle, seul avec Bogos, dans un calme absolu, avec juste le bruit de la rivière qui coule et les oiseaux qui chantent, on ADORE ! Bon question baignade, la seconde est14273313_120300000096091200_1385115186_o moins facile et l’eau un peu trop froide maintenant qu’il n’y a plus de soleil pour nous réchauffer,on décide donc de revenir à la première pour se relaxer. On fait la rencontre d’une jeune indonésienne, Nisa accompagnée de sa tante, au bord de l’eau, qui très vite viennent vers nous pour entamer une discussion, ce qui s’enchaine avec une petite séance selfies un peu partout autour du site. On profite de se baigner avec Bogos en attendant un autre couple de voyageur, Angélique et Pierre-Jean, venus également pour l’ascension du Kawah Ijen cette nuit. En les attendant, on déguste des délicieuses bananes fries autour d’un thé chaud. Un super moment où l’on a pu échanger avec Bogos et un autre guide, Wapa, également ancien mineur du même village. Ils aiment échanger avec les touristes et exercer leur DCIM100GOPROGOPR3477.anglais et on se souviendra encore longtemps de la phrase lâchée par Wapa  » It’s better to have abroken road (rapport à la route du village qui est défoncée mais qui sera remise en état par le gouvernement parce qu’il y a de plus en plus de touristes), than a broken heart »… Avant de regagner notre homestay, on visite rapidement des cultures de café, clous de girofle et d’hévéas (caoutchouc). On partage le repas du soir avec les deux nouveaux pensionnaires du homestay, on continue à discuter et apprendre à mieux se connaître encore quelques heures. Bon, allez, il est temps d’aller se reposer, dans quelques heures, une ascension de nuit nous attend.

Le quotidien d’un mineur-porteur de soufre

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Ijen Inn HomestayPour ce trek pas comme les autres, on a opté pour l’option homestay chez un ancien mineur et porteur de soufre, ce qui promet une expérience riche et au plus près de la vie d’un mineur du volcan de Kawah Ijen. Notre choix s’est porté sur Ijen Miner Tour (voir ici), conseillé par novo-monde. L’avantage de choisir Ijen Miner Tour c’est que cette agence est le fruit de Mister Paing, un ancien mineur de soufre qui s’est reconverti il y a quelques années en guide ( il était l’un des tout premiers, si ce n’est le premier à emmener des touristes dans le cratère voir les flammes bleues et côtoyer les mineurs). Mister Paing n’est plus seul maintenant et s’est entouré d’autres personnes pour accueillir les voyageurs, et qui vivent également dans son petit village. Cela permet notamment de faire directement profiter la population locale de l’attrait touristique du volcan et de faire des rencontres incroyables. Ainsi nous sommes accueilli chez Bogos, jeune fermier et avec qui on fait notre trek, accompagné par deux autres voyageurs français qui eux ont comme guide Sam, un mineur et fermier qui est également guide lorsqu’il y a besoin. C’est donc tout l’avantage de passer par Ijen Miner Tour, on se retrouve avec des locaux qui connaissent parfaitement les lieux et le travail de mineur. Alors que se passe-t-il ici et pourquoi est-ce si spécial? Ici, on a du soufre volcanique (et donc pas Kawah Ijensédimentaire) et le Kawah Ijen est l’une des plus grande réserve de soufre naturel d’origine volcanique au monde, mais comme il est encore exploité à l’ancienne, sa production est anecdotique à l’échelle mondiale. Le soufre, ou plutôt l’hydrogène sulfuré, arrive au fond du cratère par les fumerolles, appelés aussi solfatares, au fond du cratère, et une fois au contact de l’oxygène, s’enflamme, c’est les fameuses flammes bleues que tout le monde vient voir. C’est pour cette raison que la plupart du temps l’ascension se fait de nuit, afin de pouvoir admirer ce spectacle fabuleux. Le produit de la combustion est le soufre à l’état « solide »‘ sous forme d’une pâte orangée qui coule et est canalisée via des tuyaux, la vapeur d’eau et les différents gaz en résultants forment la fumée blanche. La pâte se solidifie en quelques minutes et devient jaune. On obtient donc du soufre et c’est ça que les mineurs viennent inlassablement récupérer au fond du cratère pour le redescendre au pied du volcan. Actuellement, il semblerait que le cratère soit « loué » à des entrepreneurs chinois qui utilisent le soufre pour la confection de cosmétiques et pour le blanchiment du sucre notamment. Avec les chinois le prix du soufre à baissé ces dernières années et maintenant le kilo est acheté aux mineurs à 1000 Rp soit un peu moins de 10 centimes. Il faut savoir que les mineurs font entre deux et trois aller-retour au fond du cratère par jour et commencent au milieu de la nuit afin de Sulfur Ijenne pas souffrir de la chaleur. Ils transportent en un voyage, entre 70 et 110 kilos sur leurs épaules. Lorsqu’on voit le chemin emprunté pour remonter du cratère, on est forcé de se dire que c’est carrément des surhommes! Ainsi un voyage avec 70 kilos de soufre leur rapporte 70’000 Rp soit environ 5.-. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, ils remontaient du cratère (environ 800m de marche) et redescendaient à la station de pesage environ 3.5 km plus bas avec leur cargaison sur l’épaule, mais maintenant le soufre est monté du cratère à dos d’hommes et redescendu à la station sur des chariots. Certains mineurs ont plus de soixante ans et continuent à gravir le volcan presque quotidiennement dans des conditions de travail extrêmes. Ils récoltent le soufre au plus près des fumeroles et certains ne portent pas de masques à gaz, d’autres sont juste en bottes, alors que nous même avec nos masques, avions de la peine à respirer et les yeux qui brûlaient lorsque le vent poussaient la fumée en notre direction. Après ça on se dit forcément qu’on n’a vraiment pas le droit de râler sur les conditions de travail chez nous et que la notion de pénibilité du travail est toute relative ici! Forcément on se sent un peu mal à l’aise d’être là, avec nos appareils photos, à « visiter » leur lieu de travail et à les regarder se tuer littéralement à la tâche pour quelques centaines de milliers de roupies par jour, mais en même temps, il faut savoir ça représente un assez bon salaire pour l’Indonésie. On est également sulfuradmiratifs devant ces personnes qui font preuve d’une force incroyable et qui arrivent encore à nous sourire lorsqu’on les croise sur le chemin. Le pire dans tout ça c’est que l’attrait touristique n’a cessé d’augmenter ces dernières années et maintenant les tours organisés arrivent de tous les coins d’Indonésie pour amener des touristes ici, et bien sûr on en fait parti. Lors de la haute saison (juillet – août) il peut y avoir jusqu’à 3000 touristes au premières lueurs du jour, qui se pressent dans le cratère pour voir les flammes bleues et les mineurs, entravant ainsi leur remontée avec leur chargement. C’est peut être là le pire dans cette situation, le tourisme tout puissant et voyeur qui vient s’imposer sur le quotidien des populations locales, marquant encore un peu plus l’écart qui nous sépare de leur réalité quotidienne. C’est à ce moment-là qu’on s’est rendu compte qu’on avait vraiment fait le bon choix de venir avec Ijen Miner Tour, car nos guides, connaissant parfaitement le milieu, nous on vraiment sensibiliser à la rudesse de leur labeur, notamment en nous expliquant de bien se mettre sur le côté lorsqu’un mineur remontait afin de ne pas le entraver dans leur ascension. Ca paraît bien entendu logique, mais on vous assure que ça ne l’est pas pour tout le monde. Et si vous aussi vous décidez de vous y rendre, soyez bien attentifs à ne pas gêner leur travail, c’est la moindre des choses. Nos guides nous ont également dit qu’il y avait beaucoup de touristes français qui venaient et que c’était grâce à l’acteur Mikla Toulo qui avait tourné un film ici… Alors on a cherché un bon moment, jusqu’à ce qu’on comprennent qu’ils parlaient de Nicolas Hulot, qui était effectivement venu tourner un épisode d’Ushuaïa Nature ici, rendant le site populaire en France. Voilà donc pour le plantage du décor du Kawah Ijen (Kawah signifiant cratère) avant de passer à notre aventure à proprement parlé.

Ijen Workers

Une ascension pas comme les autres

OLYMPUS DIGITAL CAMERAIl est minuit et demi, l’heure pous nous d’enfiler nos habits et chaussures, direction Kawah Ijen. On a encore une heure de route avant d’arriver au point de départ pour l’ascension, Angélique et Pierre-Jean nous en raconté qu’ils avaient eu un retour un peu négatif concernant le nombre de personnes sur le site, environ 2’000 !!! On ne pensait vraiment pas que ce volcan et que ce trek accueillait autant de touristes. Sur la route, on espère donc qu’il y aura moins de monde, parce que marcher 3h-4h à la file indienne, très peu pour nous. Sur la route on ne croise personne, ce qui nous rassure un peu, mais arrivé au départ de la marche, c’est une toute autre histoire. La plupart des gens dorment dans les GH au pied du volcan, on a même vu des courageux y camper (il fait tout de même froid la nuit et il y a beaucoup de vent). Bon on démarre la marche un peu mitigé, on avait imaginé que cela serait un peu plus calme, et en questionnant Bogos, notre guide, cela ne nous rassure pas plus. Il nous explique qu’en haute saison (juillet-août), il y a entre 2’000 et 3’000 personnes par jour !!!! Heureusement pour nous, on se trouve en septembre donc il y a beaucoup moins de monde, « que » 500… Bref, on continue notre route en appréciant le relatif calme dans lequel on se trouve encore, on admire un ciel rempli d’étoiles, aucun nuage à l’horizon, et franchement c’est plutôt OLYMPUS DIGITAL CAMERApas mal du tout. … On monte pendant près de trois kilomètres et c’est parfois bien raide, avec la lampe frontale vissée sur la tête, on dépasse beaucoup de monde et on se dit qu’on est plutôt en bonne forme! On croise également des mineurs qui redescendent avec leur chariot plein de sacs de soufre. Après 3.5 km de montée, on arrive enfin à une petite cabane, sorte de meeting point avant l’ascension des dernières centaines de mètres, et où on se rend gentiment compte du nombre de touristes que le volcan attire. C’est blindé et ca ressemble un peu à un après ski sans neige dans un bistrot de montagne. Après une courte pause, on poursuit notre chemin pour arriver au bord du cratère à 2360m d’altitude et on contemple le spectacle depuis en haut, une guirlande lumineuse qui descend jusqu’au fond, où on distingue le bleu des flammes entre deux nuages de fumée. Bon alors c’est pas du tout pour baliser le chemin, c’est juste les lampes de poche des touristes à la queueleuleu qui descendent… Impossible de se rendre réellement compte de la taille du cratère, c’est tout noir… On commence OLYMPUS DIGITAL CAMERAnotre descente en suivant Bogos notre guide, qui s’arrête et se met sur le côté à chaque fois qu’on croise un mineur et nous demande de faire pareil. On croise un porteur de soufre bien chargé, Bogos nous explique que c’est l’un des plus costaud et qu’il porte à ce moment-là environ 110 kilos de soufre…. Il n’a pas l’air tout jeune et on se dit qu’il pourrait aisément participer aux jeux olympiques! Apres environ 15 minutes de descente, on touche au but et on se retrouve face à ces superbes flammes bleues, qui tantôt sont énormes, tantôt sont cachées par la fumée et on ne se lasse pas de ce spectacle fabuleux. On retrouve nos deux amis Angélique et Pierre-jean qui arrivent avec Sam leur guide. Bogos et Sam rigolent ensemble pendant qu’on admire le spectacle durant de longues minutes, ils nous laissent tout le temps. Le jour se pointe et les touristes remontent les uns après les autres pour voir le soleil se lever et retourner à leur bus, pendant que nous on descend un peu plus bas pour voir de plus près les DCIM100GOPROGOPR3538.sources de soufre et les mineurs au travail, au bord du lac acide qui rempli le fond du cratère. Il n’y a plus beaucoup de monde et on se sent privilégiés de pouvoir rester là, nos masques à gaz sur le nez, à contempler le jour le se lever dans un tel décor. Et quand on amorce notre remontée, on se rend vraiment compte de ce qu’endurent les mineurs avec leurs kilos sur le dos, c’est des champions du monde les gars! Alors lorsqu’on arrive en haut un peu essoufflé et qu’on croise un mineur qui nous propose une moulure en souffre en forme de petite tortue, on se dit qu’on peux largement lui lâcher les 20’000 Rp qu’il en demande sans les négocier… Après tout c’est l’équivalent pour lui de 20kg de soufre et pour nous la modique somme de 1.60 Chf… Le soleil est levé et le volcan nous offre encore un nouveau spectacle lors de la descente, avec la vue sur les autres sommets alentours et la luminosité matinale. On passe notre descente à discuter avec Sam et Bogos, qui tentent de nous apprendre quelques mots en bahassa et nous de leur en apprendre quelques-uns en français. On est fatigués mais heureux, et en même temps touché par ces gens si courageux, qui quotidiennement empruntent le même chemin que nous, mais avec des dizaines de kilos sur les épaules. Franchement, chapeau les gars! Après une petite
pause chez Bogos, on repart en sa compagnie et celle de Sam, Angélique et Pierre-jean, pour OLYMPUS DIGITAL CAMERAdécouvrir les alentours du village avant qu’ils nous ramènent au ferry pour Bali. On passe encore cinq bonnes heures sur les routes balinaises avant d’arriver à Canggu chez le frangin. Une magnifique excursion de deux jours qui nous aura fait comprendre encore une fois une nouvelle facette de la vie, permis de faire d’incroyables rencontres, et qui au passage nous aura donner une bonne leçon d’humilité. Merci encore Mr Paing, Bogos, Wapa, et Sam, vous êtes fantastiques!

DCIM100GOPROG0293583.

Infos utiles et Galerie Photos

Bus Kuta Bali – Gilimanuk (départ du ferry) : Départ depuis la gare de Ubung (au nord de Denpasar), environ 4h, tout dépend du trafic et du chauffeur. Environ 75’000 Rp par personne, tout dépend de la campagnie de bus et du type de bus. Il n’y avait pas beaucoup de choix à notre arrivée, on a opté pour un mini bus avec de la place pour s’asseoir « normalement » et qui partait assez rapidement. Pour le retour sur Bali, c’est simple, il faut vous rendre à la station de bus de Gilimanuk, juste en face du ferry, et prendre le bus qui correspond à Denpasar, 40’000 Rp le trajet par personne.

Ferry : 6’000 Rp par personne et une heure de trajet environ.

Trek et homestay : Ijen Miner Tour (site ici), 1’500’000 Rp pour deux, tout compris (transports, nuitée, repas et guide).

 

 

Les commentaires sont fermés