L’île de Pâques, entre mythe et réalité

La mystérieuse île de Pâques

Rapa Nui de son nom officiel, qui signifie « La Grande Rapa » en langue poylnésienne, est une île du Chili plus que perdue dans le sud-est de l’océan Pacifique, soit à 3’680 km des côtes chiliennes et à 4’050 de celle de Tahiti. Il s’agit tout de même de l’un des lieux habité le plus isolé du monde. Mise à part cette particularité, Rapa Nui est surtout connue pour ses satues incroyables, les fameux Moaïs ! Et encore une fois, comme expliqué durant notre Bilan de la Nouvelle-Zélande, ce sont à nouveau les néerlandais qui y ont fait les premiers pas européens, le 6 avril 1722, eh oui le jour de Pâques, d’où son nom ! Elle est ensuite passée aux mains des espagnols, puis des français, pour finir par être chilienne en 1888. Ce petit bijoux du Pacifique est heureusement protégé et inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995.

Après cette petite intro historique, on va parler du vrai sujet qui nous intéresse, les moaïs ! Et on vous dira aussi s’ils ont des corps ou pas, puisque c’est la question qui nous a souvent été posée après notre passage sur l’île, et une fois qu’on y est allé, la réponse paraît assez évidente. Mais avant d’y répondre, revenons d’abord sur tous les mystères qui entourent cette île. On se pose beaucoup de questions sur ses statues emblématiques, d’où viennent-elles, comment ont-elles été transportées, ou encore comment ont-elles été erigées ? Certaines réponses à ce question ont été formulées de manière assez claires, d’autres parcontre font encore l’objet de diverses théories. On abordera ce chapitre un peu plus loin, mais dans un premier temps revenons à la question qui est à l’origine de ces géants de pierre, qui est donc ce peuple de l’île de Pâques ? Il y a beaucoup de théories anthropologiques et scientifiques, tant sur leurs origines, que sur leurs croyances, et plus tristement leur exctinction. Voici quelques unes des principales hypothèses avancées (Pour les intéressés, sachez qu’il y a un film datant de 1994 sur le sujet, « Rapa Nui » de Kevin Costner)  :

Une mixité polynésienne et inca

Selon la principale légende rapanuie, c’est le roi déchu des îles Marquisiennes de la Polynésie, Hotu Matua, qui est venu s’installer sur l’île avec sa femme, après que sept éclaireurs l’eurent découvertes. Il emmena par la suite son peuple pour s’y établir définitivement. Sept moaïs aurait été édifié en leur honneur à Ahu Akivi, les seuls d’ailleurs à regarder vers l’océan, leur polynésie natale. Les autres posant tous leur regard en direction du centre de l’île, symbolisant les ancêtres regardant leur clan. Au fond, les spécialistes ne savent toujours pas qui sont vraiment les habitants originaux de l’île, soit les premiers hommes ayant vécu ici. Des analyses génétiques ont tout de même permis de confirmer la trace d’une population polynésienne. Les moaïs et les ahû, seraient d’ailleurs leur version des tikis et marae qu’on trouve partout en Polynésie française (voir ici). Cependant, et malgré cette preuve scientifique, on se pose toujours des questions au sujet des visages des moaïs. A qui ressemblent-ils vraiment ? En effet, leurs traits font surtout penser à ceux des incas, chez qui on retrouve de grandes similitudes avec leurs propres statues, qui possèdent de grandes oreilles, un nez fin et sont également dotées de coiffes rouges, en gros tout ce qui caractérise les incas et non les polynésiens. C’est pourquoi selon certains chercheurs ont développés l’hypothèse de l’arrivée de navigateurs sud-américains sur l’île, accompagnés d’Orejones, une troupe d’élites, coiffés de turban et aux lobes d’oreilles allongés qui se divisèrent l’île en deux. Une légende explique d’ailleurs que deux peuples auraient vécu ici en même temps, le peuple des « courtes oreilles », représentant les polynésiens, et celui des « longues oreilles », en référence aux incas. On retrouve encore l’empreinte inca dans certains vestiges, mais plus aucune trace dans la population actuelle. Etant donné que les incas seraient arrivés sans femmes, ils se seraient intégrés aux polynésiens et donc auraient perdu au fil des générations, leur langue et leurs caractéristiques physiques, mais tout cela reste une hypothèse parmi d’autres, la génétique ne permettant pas de le confirmer.

 

Une déforestation entrainant l’extinction de la civilisation

Lorsque le compatriote néerlandais de Nath, Jacob Roggeveen, posa ses pieds sur l’île de Pâques, on raconte qu’il fut très surpris par le paysage sans vie de l’île, pas un arbre à l’horizon. Ce qui pose l’étérnelle question : « Comment ces géants ont-ils été déplacés sur toute l’île, sans arbres pour construire les rondins, les plates-formes ou encore les leviers pour leur cheminement ? ». Certains chercheurs expliquent d’ailleurs la présence de pistes, encore visibles aujourd’hui, un peu partout sur l’île par les traces laissées justement par ces enormes déplacement de rondins (une théorie parmi bien d’autres). Cependant, une analyse du sol a permis de démontrer qu’une forêt recouvrait une bonne partie de l’île. Mais pourquoi n’y en avait-il aucune trace à l’arrivée de Jacob Roggeveen? L’hypothèse ici, serait que les habitants auraient déforesté toute l’île pour la construction et le déplacement des moaïs, qui était alors devenu une sorte de grande compétition entre tribus. C’était à celui qui construirait le plus grand de tous. Une autre idée également avancée ici, mais un peu moins « passionnante » mais un peu plus tragique, serait qu’ils auraient épuisé toutes leurs ressoucres forestières dans la construction de bateaux pour la pêche. Et ainsi prisionners de leur île, ils utilisèrent leurs dernières ressources jusqu’à l’extinction de leur civilisation. On peut tout même se poser la question de comment un peuple aussi bien adapté à son environemment n’aurait pas réussi à se servir d’autres ressources naturelles ou du moins à les gérer pour survivre ?

 

Une catastrophe climatique causée par un immense El Niño

Un autre questionnement que l’on peut se faire sur les mystères des moaïs, est de savoir pourquoi ils gisent presque tous sur le sol. En effet, l’une des choses qui surprend lorsqu’on commence à visiter l’île, c’est le petit nombre de statues encore débout, la plupart se trouvent face contre terre et sont parfois cassées. Certaines auraient pu être brisées durant le transport, mais cela n’explique pas toute l’histoire, car en effet, on trouve d’immenses têtes à peine sculptées ou inachevées, comme si quelque chose avait obliger les sculpteurs à s’arrêter net dans leur travaux, sans pouvoir reprendre par la suite. La théorie dit qu’une sécheresse brutale causée après le passage d’un énorme phénomène El Niño, aurait pu détruire les récoltes et appauvrir le sol empêchant ainsi la repousse, et qu’un réchauffement des eaux aurait fait disparaître les poissons côtiers. La nature n’aurait donc pas survécue causant ainsi la fin de la civilisation. Les habitants auraient usés de leurs dernières ressources pour construire des moaïs de plus en plus nombreux et de plus en plus grands afin d’implorer les Dieux pour qu’ils leur viennent en aide. En voyant que les éléments ne leur étaient toujours pas favorables, les habitants se seraient révoltés et auraient détruits eux-même leurs statues, en les précipitant au sol. Face à ce déchaînement de haine et la rareté des ressources, beaucoup de guerres de clan auraient éclatées, et avec elle, l’arrêt immédiat de la sculpture des moaïs. La famine se serait installée et avec elle le déclin quasi total de la population pascuanne. Les premiers explorateurs parlent d’ailleurs d’une terre stérile et d’une population réduite et très mal en point lors de leur débarquement.

L’arrivée des colons

Malgré toutes ces belles théories, celle dont on est le plus certain, car la plus récente, (qui est également la plus triste à notre sens) est celle de l’exctinction d’un peuple causé par la maladie et l’esclavage. En 1786, La Pérouse, un navigateur français tente d’implanter un élevage de porcs et de chèves, et de semer quelques graines, ce qui échoue. Entre les maladies amenées par les europeéns et l’échec de élevages et l’évangélisation de la population, la culture des pascuans se retrouve dans le chaos. Le culte des moaïs et du mana (la force spirituelle polynésienne) se perd au profit de celui de l’homme-oiseau, symbole de la cohésion et de la prospérité, et des écritures sous forme de tablettes de bois, les Rongo-Rongo (un musée sur l’île en explique une partie, car elles sont les seules vraies traces de la civilisation pascuans). C’est en 1862 que les bateaux occidentaux viennent enlever la population pour les revendre comme esclaves en Amérique du Sud, et c’est le capitaine français, Jean-Baptiste Dutrou-Bornier, qui asservit les derniers survivants, en 1868. Une grande partie s’exile en Polynésie, et en 1877, il ne reste plus que 111 pascuans au milieu des colons, la véritable civilisation de Rapa Nui est désromais morte. Les habitations sont pillées et leurs trésors détruits ou vendus, comme les fameuses tablettes, dont ils n’en reste aujourd’hui plus que 21, qu’on peut retrouver d’ailleurs en Belgique, au musée de Braine-le-Comte. On trouve également un moaï au British Museum de Londres, qui a été retiré du lieu de cérémonie d’Orongo (qu’il est possible de visiter également sur l’île) en 1868. Il est l’un des plus beaux vestiges de moaïs, tant par sa qualité de conservation, que les détails de son pétroglyphe dans le dos, représentant justement l’homme-oiseau (on se pose toute même la question concernant la légitimation du pays à conserver des tels trésors chez eux…. ? A méditer). Certains pétroglyphes ont heureusement été retrouvés, mais leur signification reste indéchiffrable, cependant les symboles rappellent quelques hymnes généalogiques polynésiens. La culture de cette île étant surtout orale, le peu de traces écrites de langue Rongo-Rongo, se sont envolées avec l’arrivée des colons, c’est pourquoi aujourd’hui elle reste un mystère pour toute la communauté scientifique, et elle le restera certainement à jamais. L’île de Pâques étant chillienne depuis 1888, il ne resterait actuellement plus qu’une trentaine de pascuans de souche…

Les Moaïs ont-ils un corps ?

Aujourd’hui, on recense 887 moaïs, dont la grande majorité gisent sur le sol, 397 sont restés dans la carrière et 92 ont été abandonnés en cours de transport vers les quelques 300 terrasses, appelées ici les ahû, sur lesquelles trônent les statues debout. Il faut savoir que ce n’est qu’à partir de 1950, que certaines furent redressées par les scientifiques. Une chose sur laquelle s’accordent les différentes théories, c’est que ces statues ont toutes été extraites et construites dans la roche du volcan Rano Raraku (roche « relativement » tendre) à l’aide d’un outil en obsidienne (autre type de roche volcanique) et donc plus dur, appelé toki. Il y a pourtant une exception, celle d’un moaï taillé directement dans un basalte dur de type obsidienne (c’est celui qui se trouve actuellement au British Museum de Londres) et avec un outil en obsidienne, il en fallait du courage. On trouve sur les pentes du volcan Rano Raraku près de 400 moaïs qui reposent encore dans la carrière, dont le plus grand et toujours inachevé, d’une hauteur de 21,65 mètres pour 170 tonnes. Les Moaïs mesurent en moyenne 4 mètres de haut et pèsent entre 20 et 80 tonnes. La carrière se visite aujourd’hui, mais ne vous attendez pas à en voir autant, l’accès n’est autorisé que pour une partie. Un chercheur norvégien tenta l’expérience en 1950, de tailler un moaï avec les mêmes outils de l’époque (grands pics pour le gros oeuvre et outils fins en basalte et obsidienne). Il en conclura qu’il aurait fallu entre 12 et 15 mois pour extraire un moaï de taille moyenne. En fait cela fait très longemps que les archéologues ont répondu à la question de savoir si les moaïs avaient des corps. En 1912 déjà, Katherine Routledge une archéologue britannique procéda à la première excavation d’un moaï dans la carrière et découvrit… un corps enseveli ! D’autres excavations eurent lieu en 1950 puis en 2011 lorsque que des archéologues entreprient d’excaver 90 têtes de moaïs pour en étudier leur partie cachée et notamment leur dos, car plus de la moitié de ces statues se trouvent encore en partie enfouie sous la terre, ne laissant que leur tête à l’air libre. Ces géants sont composés d’une énorme tête, d’un corps, de bras et même de mains, certains symboliseraient même des personnages féminins avec un ventre bombé et les mains posées autour du nombril. Certains comportent de magnifiques pétroglyphe qui sont inscrits dans leur dos, comme pour celui du musée de Londres. Donc, effectivement les moaïs ont bien des corps. En se rendant sur place même, et en les observant de nos propres yeux, il devient évident que ces têtes enterrées ont bien un corps, car tout ceux qu’on peut voir debout ont en un. La question qui se pose maintenant, « c’est comment ou pourquoi, ces monolithes sont-ils ainsi ensevelis ? ». La plupart s’accordent pour dire que ces immenses statues ont été recouvertes de manière naturelle, au fil du temps pour certains, ou de manière soudaine, genre cataclysme pour d’autres, ce qui rejoint l’hypothèse des conséquences climatiques d’un méga El Niño. Il y a beaucoup de théories et de spéculations autour de ces statues, notamment autour de leur moyen de transport et d’édification, mais encore aujourd’hui le mystère reste entier. Pour connaître plus en détails ces différentes hypothèses voici le site très complet (images et vidéos à l’appui) sur le sujet ici. Pour tout savoir de notre visite de l’île rendez-vous ici.

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